Le cyclisme, un sport d'équipe, vraiment?
Dossier Tour de France 2020
Photo : Anne Christine Poujoulat / AFP
Le Tour de France arrive ! Grande fête populaire vieille de plus d’un siècle mais ternie dans son passé récent par de sombres histoires de dopage, la Grande Boucle demeure un rendez-vous incontournable pour des millions de fans dans le Monde entier.
Tu ne comprends pas l’intérêt de regarder des types pédaler tous les jours pendant 3 semaines ? Tu n’as même jamais vraiment compris les règles du jeu ? Ces quelques articles sont faits pour toi, avec un défi, réussir à te faire regarder une étape du Tour ce mois-ci.
C’est sans doute l’un des aspects les plus méconnus du grand public qui est pourtant primordial sur toutes les courses cyclistes. En quoi ce sport, à première vue totalement individuel, se court-il en équipe ? Petit décryptage, schémas à l’appui.
Cette année, 176 coureurs prendront le départ à Nice de la 107ème édition du Tour de France, répartis en 22 équipes (soit 8 coureurs par équipe, les matheux auront fait le calcul). Parmi tout ce beau monde, seuls quelques-uns peuvent prétendre à remporter le classement général ou l’un des autres classements annexes. Si d’autres se consacrent à remporter des étapes, d’autres n’ont aucune ambition personnelle au moment de prendre le départ de la course ! Mais alors que font-ils ? Loin d’être en promenade sur les routes de l’Hexagone, ils ont tous un rôle précis et déterminant que nous allons présenter ici.
La première chose à réaliser pour comprendre que le cyclisme est un sport d’équipe est l’importance de l’aspiration. Rien à voir avec votre Dyson qui nettoie votre salon, l’aspiration est le phénomène qui fait qu’un coureur A roulant derrière un autre coureur B devra faire bien moins d’efforts pour aller à la même vitesse car il subira moins de résistance au vent. Vous avez déjà dû faire sans le savoir cette expérience en marchant dans la rue un jour de grand vent lorsque le mur d’une maison par exemple vous protège des bourrasques. Vous devez alors vous dire que ce phénomène n’existe que les jours de grand vent, mais non ! En réalité, la vitesse des coureurs produit une résistance à l’air que le coureur A, dans notre exemple, va bien plus subir que le coureur B. Des études ont été réalisées et ont démontré qu’à 40km/h, une vitesse moyenne pour des coureurs sur du plat, ce coureur B doit produire 40% d’efforts en moins que le coureur A. Imaginez la différence sur des étapes de plus de 180km !
Une équipe dédiée à son leader, condition sine qua non pour remporter le Tour
Une fois que l’on a compris cela, on réalise mieux l’importance d’être entouré lorsque l’on souhaite briller sur le Tour. Ainsi, tous les leaders d’équipe espérant remporter ou au moins bien figurer au classement général, profitent du soutien de leurs équipiers tout au long de la course. Généralement, une équipe comme celle-ci est composée de :
3 ou 4 équipiers rouleurs,
au service de leur leader pour lui éviter de perdre du temps sur les étapes de plaine
3 ou 4 équipiers grimpeurs
chargés de l’aider lorsque la route s’élève afin qu’il puisse conserver un maximum de force pour les derniers kilomètres
1 leader
chargé de bonifier les efforts de ses coéquipiers en distançant ses adversaires en montagne
pour remporter des étapes et le classement général
Les exemples sont nombreux dans l’histoire du Tour, notamment au XXIe siècle, où des vainqueurs ont pu compter sur des équipiers hors-norme dont certains auraient même pu légitimement viser un podium final. Cette année, les équipes Ineos, d'Egan Bernal, vainqueur en 2019 et Jumbo-Visma de Tom Dumoulin et Primoz Roglic tous deux vainqueurs potentiels du Tour paraissent les mieux armés. De son côté, la Groupama-FDJ donnera tout pour aider le français Thibaut Pinot à devenir le premier français vainqueur d’un Tour depuis plus de 30 ans.
Les équipiers, indispensables aussi pour les sprinters
Le travail d’équipe ne concerne pas uniquement les coureurs qui visent le classement général. Il est également indispensable pour les sprinters qui visent des victoires d’étapes. Composées de rouleurs et de sprinters, légèrement moins bons que leur leader mais tout de même excellents, ces équipes s’organisent lors des étapes de plaine pour amener leur sprinter vedette dans les meilleures conditions jusqu’à 300m de l’arrivée, moment auquel ce dernier devra faire parler sa puissance pour franchir la ligne en premier. Au sein de ces équipes, on retrouve généralement :
3 ou 4 équipiers rouleurs,
chargés de contrôler l'avance des coureurs échappées puis d'accélérer progressivement
pour les rattraper quelques kilomètres avant l'arrivée
1 poisson pilote
chargé de placer son leader en tête de peloton et de lancer le sprint dans le dernier kilomètre
1 leader
chargé de bonifier les efforts de ses coéquipiers en ralliant la ligne d'arrivée en premier
Cet aspect parfois méconnu de la course cycliste est donc primordial pour comprendre les forces en présence et le déroulement d'une course. Il ne fait aucun doute que cette année encore, le rôle des équipiers des leaders pour le classement général et des sprinters pour le victoire d'étape sera décisif. J'espère que cet article vous aidera à mieux comprendre les tenants et les aboutissants des différentes stratégies d'équipe qui rythment la course et que vous pourrez mieux apprécier les efforts de coureurs qui sacrifient leur course pour leurs leaders.