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Podcast - Jeux Olympiques MONTREAL 1976

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La capitale du Québec accueille cette 21ème olympiade après avoir échoué de peu à organiser la précédente. La préparation de ces Jeux est un véritable fiasco pour le maire Jean Drapeau. Les travaux faramineux prennent du retard jour après jour et le budget initialement prévu explose littéralement. Ces Jeux seront marqués par une gymnaste, peut-être la plus grande de tous les temps, Nadia Comaneci. Je vous présente ça tout de suite.

Le boycott de nations africaines

Ces Jeux de Montréal s’ouvrent dans la polémique. La raison ? Le boycott décidé très tardivement de 22 nations africaines. Comme depuis pas mal d’années, l’Afrique du Sud et sa politique d’apartheid est liée à ces boycotts. Pourtant le pays fut de nouveau interdit de participer aux Jeux Olympiques. Les 22 nations africaines protestent en fait contre la participation de la Nouvelle-Zélande. Quel est le rapport vous allez me dire ? L’année précédente, ce pays a accepté de jouer des matchs de rugby en Afrique du Sud et par conséquent, les nations africaines estiment que le CIO devrait l’exclure. Bon évidemment c’est compliqué de se faire un avis sur la question, surtout 45 ans après mais là sur le coup, j’avoue qu’il est difficile de taper sur le CIO puisque le rugby n’est alors même pas un sport olympique.

Autre nation absente, la République populaire de Chine, ou la Chine actuellement, toujours vénère contre la République de Chine, Taiwan actuellement, et Taiwan, qui refuse de participer sous les couleurs de la Chine comme le Canada l’exigeait. Bon ils sont pas prêts de se réconcilier ces deux-là. Bref, en tous les cas, la cérémonie d’ouverture rassemble tout de même quasiment 7000 athlètes dont 1200 femmes, issus de 92 nations. En tant que Reine du Canada, c’est la Reine Elisabeth II qui lance cette édition.

Une fois lancés, ces Jeux Olympiques vont être le théâtre de l’une des partitions les plus justes de leur histoire et tout se déroula au Forum de Montréal, salle mythique de la capitale Québécoise, qui accueille les épreuves de gymnastique. Les spectateurs vont être littéralement envoutés par les récitals successifs de la star incontestée de ces Jeux, la Roumaine Nadia Comaneci, âgée alors de seulement 14 ans.

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Nadia Comaneci, une gymnaste précoce...

La petite Nadia est née en 1961 à Onesti, petite ville de la Moldavie Roumaine. Très vite, genre vraiment très vite, à l’école maternelle, elle débute la gymnastique et est encore une fois très très vite repérée à l’âge de 6 ans par Bela Karolyi, l’entraîneur devenu le plus célèbre, pas que pour des bonnes raisons, de la gymnastique mondiale. Elle intègre donc très vite l’école de gym d’Onesti financée alors par le gouvernement totalitaire de Nicolae Ceausescu.

 

A partir de ses 8 ans, elle débute un genre de sport étude renforcé, s’entraînant 4 heures par jour, 7 jours sur 7. Je répète, à 8 ans, elle s’entraîne 4 heures par jour. 28 heures par semaine. Si on ajoute les soins, les temps de récupération etc… elle a pas dû beaucoup jouer avec ses copines. Encore plus lorsque l’on sait que son entraîneur fut qualifié de sadique dans un rapport de la Securitate, l’équivalent du KGB roumain, c’est dire.

En tous les cas, dès ses plus jeunes années, ses performances impressionnent. A 9 ans, elle devient la plus jeune championne de Roumanie junior et elle commence dès ses 13 ans à faire parler d’elle sur la scène internationale senior en remportant tous les agrès sauf un et naturellement le concours général lors des Championnats d’Europe. A un an des Jeux, Nadia est d’ores et déjà considérée comme une prétendante au titre olympique à Montréal.

Cependant, c’est loin d’être gagné. Déjà, la concurrence est féroce. Les soviétiques, emmenées par la brillantissime Nellie Kim font figure de favorites. Depuis leur arrivée dans le giron olympique, elles trustent les podiums, ayant remporté tous les titres par équipe et se partageant généralement également les breloques individuelles.

 

Et surtout, il faut se mettre à la place de Nadia. A seulement 14 ans, ayant grandi en Roumanie, un pays fermé par le gouvernement communiste en place depuis la guerre et encore plus depuis l’arrivée de Ceausescu au pouvoir, soumise à une charge de travail démentielle, elle va se retrouver dans une compétition tout simplement gigantesque, filmée par les caméras du monde entier, présidée par la Reine d’Angleterre, à l’autre bout du monde et dans une salle de 17000 spectateurs. Moi à 14 ans, je stressais avant un match de foot devant 12 spectateurs donc j’ai un peu de mal à imaginer ce qu’elle a pu ressentir.

En vérité, il semble qu’elle ne ressentit rien. Est-ce l’insouciance de la jeunesse ? Sans doute un peu. L’assurance de réussir un enchaînement déjà réalisé des centaines de fois à l’entraînement aussi ? Sans doute aussi. Ou la peur d’échouer et d’en subir les conséquences auprès de son entraîneur, du régime totalitaire de son pays ? Malheureusement, c’est bien possible.

... qui va éblouir les Jeux Olympiques

Quoi qu’il se soit passé dans sa tête, elle va éblouir les compétitions. Le 18 juillet, lors de son entrée en lice lors du concours par équipe, elle doit réaliser l’enchaînement imposé sur les barres asymétriques, sa spécialité. Tous ses mouvements sont justes, la commentatrice québécoise est subjuguée par la pureté et la précision des gestes de la Roumaine. On sent d’ailleurs dans sa voix qu’elle sent que la perfection n’est pas loin. Après quelques minutes inhabituellement longues, la note s’affiche.

 

10. Sur 10.

La perfection a alors un visage. Celui d’une jeune fille roumaine d’à peine 1m60, aux traits fluets et au sourire qui semble presque forcé. Même les compteurs électroniques de l’organisation n’avaient pas prévu un tel scénario puisqu’ils affichèrent 1.00, n’ayant pas été programmés pour une telle note. C’est la première fois qu’une gymnaste parvint à atteindre la perfection sur un mouvement. Sous les yeux ébahis des 17000 spectateurs, Nadia Comaneci s’est fait un nom. Durant les jours qui suivirent, elle deviendra une véritable star mondiale, en enchaînant les performances de haut vol, décrochant pas moins de 7 fois cette note qui paraissait jusque là inaccessible. A dire vrai, ces notes ne représentent même pas à quel point la native d’Onesti dominait son sujet. En 2012, l’une des juges de cette édition de Montréal déclara que Comaneci avait obligé les juges à revoir le système de notation suite à ses démonstrations lors de ses différents passages. Enchaînant deux ou trois figures sans temps mort, alors que les autres n'en produisaient qu'une, si une gymnaste obtenait 9.60, Nadia aurait dû obtenir 11 ou 12 ! Elle terminera cette édition avec 3 titres individuels aux barres asymétriques, à la poutre et au concours général auxquels elle ajoutera une médaille d’argent par équipes et une autre de bronze au sol.

 

Son règne sur la gymnastique mondiale ne sera pas long puisqu’elle annoncera sa retraite après les Jeux de 1980 à seulement 21 ans après avoir garni son armoire à trophées de 2 nouveaux titres au sol et à la poutre et d’une médaille d’argent au concours général. Sa fin de carrière, comme toute sa vie sera mouvementée en raison du contrôle total que Nicolae Ceausescu, sa femme, jalouse de la célébrité de Nadia, et son fils Nicu, qui entretint avec elle une relation forcée, souhaitent garder sur elle. Dès son plus jeune âge, tous ses mouvements ont été étroitement surveillés par le pouvoir de son pays. Consciente de cette surveillance constante, elle souhaita même s’enfuir au cours des Jeux de Los Angeles 1984 où elle se rendit en tant que membre de la fédération roumaine mais la Securitate ne lui en laissa pas l’occasion. A son retour, elle fut interdite de sortie de territoire. Elle y parviendra finalement en 1989, quelques mois avant la révolution qui fera tomber le régime totalitaire de Ceausescu, s’installera aux Etats-Unis pour obtenir en 2001 la nationalité américaine.

 

Ayant depuis renoué avec son pays d’origine, Nadia Comaneci reste aujourd’hui encore considérée comme l’un des visages des Jeux Olympiques. Ses performances en 1976 sont devenues les plus célèbres de la gymnastique, la mettant pour la première fois sur le devant de la scène mondiale. Elle fut également en 1999 la première sportive à s’exprimer devant l’ONU pour s’exprimer sur les nombreux combats sociaux qu’elle mena avec des organisations de charité, pour faciliter l’accès à l’éducation et au soin aux enfants de son pays. Un engagement encore actif aujourd’hui qui donne envie de lui attribuer définitivement un 10 sur 10.

Bien mal démarrés, ces Jeux Olympiques de Montréal auront été ceux de Nadia Comaneci. A jamais gravées dans l’histoire de l’olympisme, ses performances ont illuminé une édition qui aura eu le mérite d’effacer au moins partiellement, le souvenir encore vivace de la tragédie de Munich. Au classement des médailles, le bloc de l’Est fit carton plein sur le continent américain puisque l’URSS empocha 49 médailles d’or et finit en tête devant… l’Allemagne de l’Est qui, avec 40 médailles d’or arracha la seconde place aux Américains et leurs 34 médailles d’or. Toujours dans le dur, la France terminera 15ème avec 9 petites médailles dont 2 titres.

L’édition suivante se déroulera à Moscou en 1980 et, en ces temps de Guerre Froide, vous vous doutez qu’elle sera forcément particulière.

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