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Podcast - Jeux Olympiques ROME 1960

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Pour ce 14ème épisode, nous nous rendons à Rome. Désignée ville hôte pour l’édition de 1908 la capitale italienne avait finalement été remplacée par son homologue britannique Londres tant les problèmes et les retards d’organisation étaient nombreux. Cette fois, tout se passa à merveille pour la capitale Italienne. Le seul petit problème vint du temps qui comme à Melbourne 4 ans plus tôt fut caniculaire tout au long de la quinzaine. 

L'incroyable performance d'Abebe Bikila

La première histoire que j’ai envie de vous raconter, c’est celle d’Abebe Bikila. Cet éthiopien, né en 1932, le jour du marathon Olympique de Los Angeles n’aurait pourtant même pas dû participer à ces Jeux Olympiques. Membre de la Garde Impériale du Roi éthiopien Hailé Selassié, il est appelé un peu en dernière minute pour remplacer un athlète blessé. En Europe, c’est un parfait inconnu. Il se dit qu’il a déjà couru des marathons quasiment dans les temps du record du Monde de l’époque mais peu d’observateurs y croient réellement, surtout lorsqu’ils le voient sur la ligne de départ et constatent qu’il s’apprête à courir les 42,195km de course dans les rues de la capitale italienne pieds nus.

Oui c’était sa petite particularité, il n’arrivait pas à courir avec des chaussures qui lui provoquaient des ampoules terribles. La course sera un véritable mano a mano entre lui et le favori marocain Abdslam Radi qui devra cependant s’avouer vaincu au 41ème kilomètre. 200m devant lui, il verra l’improbable vainqueur du jour battre le record du Monde en 2h15 minutes et 16 secondes. Abebe Bikila deviendra une véritable star dans son continent, devenant le premier Champion Olympique d’Afrique Noire. S’imposant 4 ans plus tard à Tokyo, il fut à l’origine de la domination des pays d’Afrique de l’Est sur les épreuves de marathon. Le lieu de sa victoire ajouta une touche symbolico-historique forte puisque l’arrivée était placée sous l’Arc de Cosnstantin, là où 25 ans plus tôt, Mussolini lança sa conquête de l’Ethiopie.

Une autre histoire tout aussi étonnante mais bien différente nous vient aussi de l’athlétisme. Pour la première fois depuis l’édition de 1928, où les femmes avaient été autorisées à concourir dans ce sport, une épreuve féminine à 400m est au programme. En 1928 à Amsterdam, elle avait déjà été au programme mais le patriarcat nauséabond de l’époque avait jugé que les femmes étaient trop fragiles pour de telles distances car à l’arrivée, la plupart avait dû s’allonger pour récupérer. Quand j’entends des choses comme ça, j’ai l’impression que ça remonte à 500 ans et pourtant non, c’était il y a à peine plus d’un demi-siècle. C’est la Soviétique Ludmila Shevtsova qui s’imposera en battant en finale son propre record du monde.

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Cassus Clay champion Olympique

Ce titre contribuera à la performance d’ensemble de la délégation soviétique qui s’imposera de nouveau au classement des médailles devant les Etats-Unis qui ne semblent pas pouvoir réellement rivaliser avec leur ennemi politique. Cependant, le champion olympique le plus célèbre de cette olympiade est bien américain et se nomme Cassus Clay.

Celui qui deviendra Mohamed Ali 4 ans plus tard est encore relativement inconnu. A seulement 18 ans, il vient tout juste de débuter sa carrière mais va rapidement se faire un nom en remportant aisément ses 4 combats, le menant à la médaille d’or. C’est le premier fait d’armes d’une carrière immense que l’influent magazine américain Sports Illustrated saluera en le nommant Meilleur sportif du XXème siècle devant Michael Jordan. Mais cette nomination ne résumerait qu’une partie de la vie de Cassus Clay. La même année, la BBC le nomma « Personnalité sportive du XXème siècle ». La nuance est importante parce qu’Ali n’était pas simplement un boxeur en quête de succès sportif.

Sa victoire à Rome lui ouvrit les portes du professionnalisme et sa progression fulgurante l’amena jusqu’à un match pour le championnat du Monde en 1964 face à celui que tout le monde juge invincible, Sonny Liston. Malgré son jeune âge, il parvient à battre deux fois son sulfureux adversaire pour s’imposer comme le maître des poids-lourds. C’est entre les deux combats qu’il change de nom, se convertissant à l’Islam et rejetant son nom de descendant d’esclaves. Il prendra partie tout au long de sa carrière contre la ségrégation faite aux Noirs dans son pays. Ces prises de position dérangent dans une Amérique encore profondément raciste et la fédération internationale de boxe lui retire son titre en 1967 prétextant une irrégularité dans son premier combat contre Liston 5 ans plus tôt. Il le regagnera facilement mais devra finalement le rendre lorsqu’il refusa d’aller se battre au Viet nam expliquant qu’aucun vietnamien ne m’a jamais traité de sale nègre. D’abord condamné à 5 ans de  prison pour ce refus, il devra attendre 1970 que l’affaire se règle devant la Cour Suprême pour remonter sur un ring.

Ayant été destitué de son titre, il se prépara avec une seule envie, le récupérer. Face à lui se trouve alors Joe Frazier l’étoile montante de la boxe, lui aussi invaincu en carrière. Le combat du siècle comme il est alors surnommé, tourne à l’avantage de Frazier qui inflige à Ali sa première défaite en carrière. Ce combat lance la période dorée de la boxe mondiale qui va connaître son apogée au cours de la décennie suivante.

Alors qu’il tente de se reconstruire suite à cette défaite, Ali voit l’émergence d’un nouveau cador des poids lourds, George Foreman qui devint champion du Monde en 1973 en battant Frazier. Accumulant les combats pour redevenir challenger au titre, Ali sera de nouveau battu, par Ken Norton qui lui brisa la mâchoire dès le deuxième round.

A partir de là, le géant américain n’a plus qu’une idée en tête, battre ces trois bourreaux pour redevenir le champion incontesté de sa catégorie. Il parvient à battre Norton puis Frazier aux points à l’issue de combats accrochés mais il s’attaque alors au  plus grand défi de sa carrière, George Foreman.

Le combat est organisé à Kinshasa et portera le nom de Rumble in the jungle. Ali le sait, les coups de Foreman sont surpuissants et sa seule chance est de faire durer au maximum le combat pour épuiser son adversaire et lui porter le coup de grâce. Il fait alors croire dans les médias tout l’inverse, affirmant qu’il mise tout sur les premiers rounds pour faire tomber le colosse. Suivant son plan à la perfection et malgré des premiers rounds difficiles, il prend progressivement le dessus sur son adversaire jusqu’à l’envoyer au tapis à la 8ème reprise et récupérer son titre de champion du Monde.

Il conservera son titre une dernière fois face à Frazier, son plus grand rival lors d’un combat à Manille disputé sous une chaleur de 45 degrés. Il finira par le perdre à 36 ans mais reste cependant considéré comme le plus grand boxeur de l’histoire. Se retirant de la vie publique peu à peu, le monde entier le redécouvrira lors des JO d’Atlanta en 1996 où il allumera la flamme olympique. Son état de santé semble alors des plus fragiles, il est atteint de la maladie de Parkinson mais les spectateurs du stade sont grandement émus de le voir. Il décédera finalement en 2016 à l’âge de 74 ans, laissant une empreinte indélébile dans l’histoire du sport.

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La débâcle française

Si Cassus Clay fut largement à son avantage durant cette Olympiade Romaine, ce ne fut pas vraiment, voire carrément pas du tout le cas de la délégation française. En effet, les Tricolores ne décrocheront pas le moindre titre Olympique, se contentant de 5 petites médailles. Ce piètre résultat fut pris comme un véritable affront par le Président de la République, un certain Général de Gaulle, revenu aux affaires deux ans plus tôt.

La débâcle est encore plus sévère que c’est l’armée qui s’était chargée de la formation des athlètes français. Le lendemain de la clôture des Jeux, devant l’assemblée nationale, le député Hervé Laudrin déclarera même « Les Jeux Olympiques de Rome ont humilié notre jeunesse à la face du monde ».

Ce cuisant échec aura une conséquence directe. De Gaulle déclarera peu après que « Si la France brille à l’étranger par ses penseurs, ses savants, ses artistes, elle doit aussi rayonner par ses sportifs ». Le secrétaire d’Etat aux sports Maurice Herzog est alors missionné de développer les infrastructures sur tout le territoire et de mettre les jeunes au sport. Des MJC et des bases de plein air et de loisirs fleurissent un peu partout en France, l’EPS est renforcée dans toutes les écoles pour reprendre le projet de base de Pierre de Coubertin qui était de former des champions par la masse. En gros, plus de jeunes font du sport, plus on a de chance de trouver des champions.

Evidemment, les résultats ne suivent pas immédiatement et les éditions suivantes seront à peine meilleures. La politique volontariste se poursuit au cours des années 1970 avec la construction de 4000 gymnases, 1500 piscines et 8000 terrains de sport sur l’ensemble du territoire. Pour renforcer son excellence, le sport français crée son Institut, sa fabrique à champions, l’INSEP. En 1975, ce gigantesque centre sportif est construit au cœur du bois de Vincennes pour offrir des conditions d’éducation et de performance optimales aux futur.e.s championnes et champions français.

Depuis sa création, à chaque JO environ 50% des médaillés français sont issus de l’INSEP où les grands noms du sport de Christine Arron à Tony Parker, en passant par Laura Flessel ou Teddy Riner se sont succédé année après année. Cette année à Tokyo, la plupart des sportifs et sportives représentant la France seront issus de l’institut et tenteront de porter haut le drapeau bleu-blanc-rouge.

C’est une édition marquante à plus d’un titre qui s’acheva le 11 septembre 1960 dans la capitale Italienne. Si Cassus Clay et Abebe Bikila ont illuminé les compétitions, un cycliste laissa lui une marque tristement indélébile. Knud Enemark Jensen décéda au cours du contre-la-montre par équipes provoquant la stupeur des suiveurs. L’autopsie révélera une surconsommation d’amphétamines laissant éclater aux yeux de tous le spectre du dopage. C’est d’ailleurs à partir de ce tragique événement que des contrôles importants seront mis en place et que la chasse aux tricheurs débutera. L’édition suivante se déroulera à Tokyo en 1964 pour la première fois en Asie. Je vous présenterai tout cela lors du prochain épisode.

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