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Podcast Jeux Olympiques 1948

Podcast - Jeux Olympiques LONDRES 1948

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Prévus en 1940 à Tokyo puis Helsinki et en 1944 à Londres déjà, les 12ème et 13ème Olympiades furent annulées en raison du Second conflit mondial. Un peu plus de 8 ans après l’appel du Général de Gaulle, c’est donc à Londres que se déroulent cette 14ème Olympiade. Elle fut sportivement marquée par deux femmes que nous allons découvrir aujourd’hui et fut chargée de symboles au sortir de la Guerre. Allez let’s go !

Les Jeux Olympiques organisés trois ans après la Guerre

C’est dans un certain chaos économique et social que Londres accueille ses deuxièmes Jeux Olympiques après l’édition de 1908. 3 ans seulement après la fin de la Seconde Guerre Mondiale, la capitale britannique, comme la plupart des villes européennes n’a pas encore pansé toutes ses cicatrices de guerre. La reconstruction n’est pas terminée, loin de là, le rationnement en denrées de première nécessité est toujours en place, bref, si la terreur de la guerre n’inquiète plus les populations, elles sont encore bien loin de mener une vie paisible et d’avoir connu un retour à la normale.

C’est donc dans ce contexte que Londres relève le défi de l’organisation des Jeux Olympiques, édition que l’on surnommera quelques années plus tard les Jeux de l’austérité. Effectivement, les caisses sont vides donc le gouvernement et le comité d’organisation britannique ne peuvent se permettre des folies budgétaires. Ainsi, quasiment aucune infrastructure n’est construite en amont de l’événement. On est plus dans une logique de réutilisation de l’existant, comme le montre le logement des athlètes étrangers qui a longtemps posé question. Plusieurs options ont été étudiées. La première, les faire dormir chez l’habitant, un peu comme s’ils étaient en 4ème et qu’ils partaient chez un correspondant. Bon, d’un point de vue purement pratique et logistique, on a vite compris que ça n’allait pas être possible. Deuxième option étudiée, les loger dans d’anciens camps de prisonniers de Guerre, mais là symboliquement ça aurait pas été dingue. Du coup, c’est finalement dans des baraquements militaires désaffectés depuis l’armistice et dans des écoles réaménagées en dortoirs que seront hébergés tous les athlètes.

Afin de se prémunir de la pénurie alimentaire qui touche la Grande Bretagne, la plupart des délégations olympiques apportent leur propre nourriture. Attention, vous allez croire que c’est cliché mais ces infos viennent de compte-rendus officiels. Les Argentins sont venus avec de la viande, les Italiens avec des pâtes et les Français… avec du vin ! Je sais ça paraît complètement improbable aujourd’hui mais à l’époque on n’avait pas encore toutes les connaissances en terme de nutrition. L’un des rapports officiels britanniques mentionnent ce point, je cite « Pour ces compétiteurs, le vin fait partie intégrante de leur régime habituel et constitue, à leurs yeux, un aliment ». On dirait vraiment Gégé du PMU…

 

En tout cas, ce sont tout de même plus de 4000 athlètes, dont 400 femmes qui se rendent à Londres pour s’affronter lors des différentes épreuves. Malgré l’absence du Japon et de l’Allemagne, sanctionnés pour avoir été à l’origine de la Guerre selon les pays régissant le nouvel ordre mondial, c’est un record de 59 nations qui sont représentées. A l’ouverture des compétitions, comme à Anvers en 1920, ces Jeux apparaissent comme le premier événement rassemblant des pays du Monde entier après la Guerre, insufflant un nouvel élan politique et diplomatique.

Fanny Blankers-Koen, meilleure athlète du XXème siècle

Dans ce contexte compliqué, deux femmes vont marquer cette édition grâce à des performances notoires. La première, véritable star de ces Jeux, télévisés pour la première fois par la BBC en Grande-Bretagne, est Hollandaise et se nomme Fanny Blankers-Koen. Ses performances lors de cette Olympiade lui vaudront d’être nommée meilleure athlète du XXème siècle par la Fédération Internationale d’Athlétisme.

 

Spécialiste du sprint, mais pas seulement elle se présente à ces Jeux Olympiques en détenant pas moins de 5 records du Monde : le 100m, le 80m haies, le saut en longueur, le saut en hauteur et le pentathlon, une épreuve combinée. Limitée à seulement 3 épreuves + un relai par les règles du CIO, elle décide de s’aligner sur 80m haies, au 100m, au 200m et au relai 4x100m. Elle réalisera un grand chelem impressionnant, en s’imposant sur ces 4 disciplines.

Sa performance sur le 200m où elle s’imposa avec plus de 7 dixièmes d’avance sur sa dauphine, le plus gros écart jamais enregistré ainsi que sa démonstration sur le relai 4x100m sont rentrées dans la Légende. Lors de ce relai qui clôt les épreuves d’athlétisme, elle est la dernière relayeuse d’une équipe correcte mais assez loin des meilleures nations mondiales et des favorites états-uniennes. Alors qu’elle attend à l’entrée de la dernière ligne droite, elle voit ses compatriotes livrer une bonne course mais perdre mètre par mètre par rapport aux équipes de tête. Elle prit le témoin en 4ème position et là, le show commença. Elle parvint à dépasser une à une les concurrentes qui la devançaient jusque-là pour venir franchir la ligne en première position et offrir un titre assez inespéré à son pays.

L’anecdote sympa sur Blankers Koen, c’est que c’était une grande fan de Jesse Owens que vous connaissez maintenant. Elle eut l’immense joie de le rencontrer lors des Jeux de Berlin et réussit à lui faire signer un autographe qu’elle garda toute sa vie. Elle l’affirma avec fierté plus tard, plus qu’une idole elle considérait le sprinter afroaméricain comme un modèle qu’elle parvint à égaler lors de ces Jeux de Londres en devenant, comme lui, quadruple championne olympique, une performance jamais rééditée en athlétisme.

Si elle a insisté sur cette notion de modèle, c’est parce que c’était loin d’être gagné d’avance. Bien que sportive dès son plus jeune âge et athlète reconnue depuis plus d’une décennie, elle dut lutter elle aussi contre les préjugés et le regard des autres. La raison de tout cela, c’est qu’elle accoucha de deux enfants durant la Seconde Guerre Mondiale et que les suiveurs considérèrent alors immédiatement que sa carrière était désormais finie. Voulant tordre le cou aux à ses détracteurs, elle redoubla d’efforts jusqu’en 1948 pour montrer à tous les hommes qu’elle n’était pas que bonne à s’occuper de ses enfants.

Après qu’elle ait retrouvé son meilleur niveau, un surnom lui fut donné, la ménagère volante. Bon ok comme ça ça parait pas être le surnom de l’année je vous l’accorde mais c’est aussi parce que nous quand on nous dit ménagère, on pense à la ménagère de moins de 50 ans que les agences de pub veulent persuader d’acheter du jambon Madrange au milieu d’une émission pétée de TF1. Mais je pense qu’à l’époque, c’était quand même plutôt un compliment. Peut-être un poil maladroit mais un compliment quand même.

Micheline Ostermeyer, championne olympique et génie du piano

Bon bref, Fanny Blankers Koen ne fut pas la seule femme à s’illustrer lors de cette édition Londonienne. Une Française fit également parler d’elle. Micheline Ostermeyer, remporta, elle, 2 titres sur le lancer du disque, discipline qu’elle découvrit 3 semaines avant le début des Jeux, et sur le lancer du poids, sa spécialité mais également une médaille de bronze sur le saut en hauteur ! Quand on voit la différence de gabarit, de technique, d’aptitudes physiques qui existent aujourd’hui entre les spécialistes des lancers et des sauts, on se rend compte de la performance d’Ostermeyer.


Il faut dire que c’était un peu notre Mildred Didrikson made in France. Le genre un poil énervant tant elle réussissait tout ce qu’elle entreprenait. En effet, tout au long de sa carrière, elle ne se cacha jamais de ne s’entraîner au sport que 5 heures par semaine. Parce que Micheline, son truc à elle, son vrai truc, « sa vraie vie » comme elle le disait elle-même, c’était le piano. Elle se passionna pour cet instrument dès son plus jeune âge grâce à sa mère, elle-même professeure de piano. Dès l’âge de 12 ans, elle effectua des concerts et décrocha à 23 ans le premier prix du Conservatoire de Paris, rien que ça. Il se dit même que le soir de sa deuxième médaille d’or lors des JO de Londres, elle dut partir précipitamment du stade pour donner un concert au Royal Albert Hall haut-lieu des arts et de la musique en plein cœur de la capitale britannique. Quand on est au-dessus, on est au-dessus…

Cette capacité à performer aussi bien dans le sport que dans un autre domaine lui a donné une place à part dans l’histoire du sport français. La meilleure preuve est sans doute la statue érigée en son honneur à l’Insep, l’institut national du sport, de l’expertise et de la performance ainsi que le trophée qui porte son nom et qui, chaque année, récompense un athlète français ayant réussi dans un autre domaine que son sport.  

 

Ces Jeux de l’austérité n’auront donc pas été vains. Ils auront redonné un certain élan aux populations et prouvé que des pays du Monde entier pouvaient se retrouver ensemble, pour autre chose que la guerre. Au niveau des résultats, rien de bien original puisque les Etats-Unis finiront largement en tête du classement des médailles, devant la Suède et la France. Les Pays-Bas, portés par Fanny Blankers-Koen échoueront aux portes du top 10. L’édition suivante se déroulera dans la capitale finlandaise Helsinki et verra le retour de l’Allemagne et du Japon, réautorisés à prendre part aux compétitions, ainsi que la première participation de l’URSS. On verra ça la semaine prochaine, d’ici là, portez-vous bien !

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